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Regardez mes autre ventes sur le même thème Voir SCANs pour vérifier l’état de la CP CP format 10x19cmLE PEN PRÉSIDENT – Convention Présidentielle LE BOURGET PARIS 10-11-12 novembre 2006 ATTENTION : si vous voyez des rayures verticales, elles ne sont pas sur la carte, elles sont dues au SCAN.SI VOUS FAITES PLUSIEURS ACHATS, ATTENDEZ MA DEMANDE DE PAIEMENT OU FAITES-MOI UNE DEMANDE DE FACTURE.CECI EVITE LE SURCOUT DES FRAIS.Tarifs concernant les frais pour la France :- Une carte : 1,69€- 2 cartes : 2,06€- 3 cartes : 2,31€ A partir de 4 cartes : 2,95€ + 0,25€ par carte à partir de la 2èmePour une lettre ‘’suivie’’ : ajouter 0,5€ au total Tarifs concernant les frais pour l’étranger :- Une carte : 3,32€- 2 cartes : 3,75€- 3 cartes : 4€ A partir de 4 cartes : 4,99€ + 0,25€ par carte à partir de la 2èmePour une lettre ‘’suivie’’ : ajouter 2,75€ au total (6,07) En cas d’achat de plusieurs cartes, ne payez pas tout de suite, sinon les frais s’additionnent. Jean-Marie Le Pen, né le 20 juin 1928 à La Trinité-sur-Mer, est un homme politique français.Il sert dans l’armée lors des guerres d’Indochine et d’Algérie et commence un parcours politique dans les courants poujadistes. Il est député entre 1956 et 1962, élu dans le département de la Seine. Sollicité par le mouvement nationaliste Ordre nouveau, il participe en 1972 à la fondation du Front national (FN), dont il prend la présidence. Classé à l’extrême droite, il fait de la critique de l’immigration son principal axe de campagne et fait émerger le Front national sur le devant de la scène politique dans les années 1980. Élu député à Paris lors des élections législatives de 1986, il préside le groupe FN-RN à l’Assemblée nationale sous la VIIIe législature. Il est député européen à partir de 1984 et plusieurs fois élu local (conseiller municipal du 20e arrondissement de Paris, conseiller régional d’Île-de-France puis de Provence-Alpes-Côte d’Azur). À cinq reprises, il est candidat à une élection présidentielle. Après avoir obtenu un résultat très faible en 1974, il se hisse par trois fois en quatrième position du premier tour (en 1988, 1995 et 2007). À la surprise générale, il accède au second tour du scrutin de 2002, à l’issue duquel il obtient 17,8 % des suffrages exprimés face au président sortant, Jacques Chirac, qui bénéficie d’un « front républicain ». Sa fille Marine Le Pen lui succède en 2011 à la présidence du Front national, dont il devient président d’honneur. Il est exclu du parti en 2015 à la suite de déclarations polémiques, dont sa carrière politique est jalonnée et qui lui valent en particulier des accusations de racisme et d’antisémitisme. Plusieurs fois jugé pour apologie de crime de guerre, contestation de crimes contre l’humanité, provocation à la haine, à la discrimination et à la violence raciale, injures publiques ou violences, il est alternativement condamné et relaxé. Il crée les Comités Jeanne en 2016 et reste président d’honneur du FN jusqu’en 2018. Il quitte son mandat de député européen en 2019, après 34 ans passés au Parlement européen et 63 ans après sa première élection comme député. Jean Louis Marie Le Penb est le fils unique de Jean Le Pen (1901-1942)1, marin-pêcheur, président de l’Association des anciens combattants et conseiller municipal de La Trinité-sur-Mer, et d’Anne-Marie Hervé (1904-1965), couturière et fille de paysans originaires de Locmariaquer et du Bono2. Il naît le 20 juin 1928, dans la maison familiale de La Trinité-sur-Mer. Ses parents le baptisent Jean, comme son père, Louis, comme son oncle, et Marie, comme la sainte Vierge (il n’accolera Marie à son premier prénom qu’après son mariage)3. La famille est essentiellement originaire du département du Morbihan4. Le 31 janvier 1956, le Journal officiel mentionne son nouveau prénom composé, « Jean-Marie », le député Le Pen ayant changé son prénom de « Jean » sous les conseils de sa compagne, Pierrette Lalanne, afin de séduire l’électorat catholique lors des élections législatives du 2 janvier 19565,6. Son père trouve la mort à bord du chalutier La Persévérance, dont il est le patron, quand le bateau, qui pêchait la sole, saute sur une mine remontée dans son chalut, le 22 août 19427. Son nom figure, depuis lors, sur le monument aux morts de La Trinité-sur-Mer. Jean-Marie Le Pen devient alors pupille de la nation, par jugement du tribunal civil de Lorient du 23 décembre 19428. En novembre 1944, à 16 ans, il demande au colonel Henri de La Vaissière, alias « Valin », à s’engager dans les Forces françaises de l’intérieur (FFI), mais celui-ci refuse et lui dit : « Désormais, ordre est donné de s’assurer que nos volontaires ont bien 18 ans révolus. Tu es pupille de la nation : songe à ta mère9. » ÉtudesAprès des études primaires à l’école paroissiale et à l’école communale de La Trinité, Jean-Marie Le Pen entre en 1939 au collège Saint-François-Xavier de Vannes où il est boursier10. L’établissement est tenu par des jésuites, qui lui donnent, comme il le racontera plus tard, une discipline de pensée et le goût pour la rhétorique11. Il doit le quitter en 1943, quand les réquisitions des Allemands contraignent les jésuites à restreindre le nombre d’internes12. Il intègre ensuite à Lorient le lycée Dupuy-de-Lôme, dont il est renvoyé dès Pâques pour indiscipline, puis à Vannes le collège Jules-Simon, qui l’exclut en février 1946 à nouveau pour indiscipline8. Il obtient son baccalauréat au lycée Claude-Debussy de Saint-Germain-en-Laye, en 19478. En 1948, il entre à la faculté de droit de Paris, dont il sortira licencié13. Élu président de l’Association corporative des étudiants en droit (la « Corpo » de droit) en 1949, il représente la faculté de droit de Paris lors de congrès de la « Grande UNEF », où ses qualités d’orateur sont remarquées : en 1951, lors d’un congrès de l’UNEF à Aix-les-Bains, il s’oppose de façon virulente à l’institution d’un « pré-salaire » étudiant14,15. De 1949 à 1951, il assure également la direction éditoriale du journal de la Corpo, La Basoche14. Pendant cette période, il se lie notamment d’amitié avec Claude Chabrol16. Il est, pendant un temps, le plus jeune vice-président du Comité français Pierre-de-Coubertin. Bien que n’étant membre d’aucun parti15, il est proche de l’Action française, dont il vend un temps à la criée le journal, Aspects de la France14. En 1952, critiqué pour ses outrances, il cède la présidence de la Corpo, qui en fait son président d’honneur. En février 1953, il sollicite le soutien du président de la République, Vincent Auriol, afin d’organiser le déplacement d’étudiants volontaires pour porter assistance aux populations sinistrées lors d’inondations aux Pays-Bas15. En parallèle de ses études, qu’il ne peut financer avec sa seule bourse, Jean-Marie Le Pen occupe les emplois de marin-pêcheur, mineur de fond, métreur d’appartements ou encore ambulant des PTT17. Après avoir limité ses dépenses, il parvient, en 1961, à acheter un langoustier de 17 mètres, le général Cambronne, sur lequel il navigue avec Olivier de Kersauson et Éric Tabarly18. Il se lie d’une étroite amitié avec Henri Botey, dit « M. Éric », qui devient, en 1968, le parrain de sa fille Marine, avant la guerre des gangs qui ravage Pigalle19. En 1971, il obtient un diplôme d’études supérieures (DES) en sciences politiques20. Dans le cadre du séminaire de Maurice Duverger, il rédige son mémoire sur Le Courant anarchiste en France depuis 194521,22. Vie personnelle et familialeArticle connexe : Famille Le Pen. Jean-Marie Le Pen aux côtés de son épouse Jany (2004).Le 29 juin 1960, à Paris 8e, il épouse Pierrette Lalanne (née en 1935), fille d’un négociant en vin de la bourgeoisie landaise et ex-femme de l’imprésario Claude Giraud23. Trois filles naissent de ce mariage : Marie-Caroline, Yann et Marine. La séparation du couple est fortement médiatisée et notamment marquée par les photos de Pierrette Lalanne dans le magazine Playboy, dans lequel elle apparaît dévêtue en réaction à certaines déclarations de Jean-Marie Le Pen24. Le divorce est prononcé le 18 mars 1987. Jean-Marie Le Pen se remarie le 31 mai 1991, à Rueil-Malmaison, avec Jany Paschos (née en 1932), fille d’un marchand de tableaux grec et d’une mère d’origine néerlandaise divorcée de l’homme d’affaires belge Jean Garnier. Sa petite-fille, Marion Maréchal, fille de Yann (qui a été assistante parlementaire de Bruno Gollnisch25), entre en politique lors des élections régionales de 201026. Jean-Marie Le Pen la convainc ensuite de se présenter aux élections législatives de 2012 dans le département de Vaucluse ; elle remporte le scrutin et devient, à 22 ans, la plus jeune députée de l’histoire de la République. Jean-Marie Le Pen est notamment parrain du fils de l’ancien numéro deux du FN, Bruno Mégret27, de l’une des filles de l’humoriste Dieudonné28 et du peintre Alexandre Barbera-Ivanoff qui, en 2006, réalise un portrait de Jean-Marie Le Pen en corsaire. Il déclare avoir progressivement perdu l’usage de son œil gauche dans les années 1970, à la suite d’une cataracte traumatique, dont Alain Jamet affirme, lors d’une émission télévisée, qu’elle fut consécutive à une bagarre électorale où il défendait Ahmed Djebbour, candidat du Front national des combattants, le 28 mars 195829,30. Cependant, dans ses Mémoires, Jean-Marie Le Pen explique avoir perdu son œil à cause d’un simple accident, « en montant un chapiteau pour un meeting de Jean-Louis Tixier-Vignancour »31. Il abandonne son bandeau pour un œil de verre au début des années 1980, afin de changer son image alors que le FN prend de l’importance. Dans la perspective des élections européennes de 1984, il commande une hagiographie intitulée Le Pen sans bandeau32. Jean-Marie Le Pen est assujetti à l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) depuis sa création, en 1982. Il tient une partie de son patrimoine du testament d’Hubert Lambert, dit Saint-Julien, auteur de nombreux articles dans des revues nationalistes et héritier de la dynastie des ciments Lambert, mort le 25 septembre 1976, à 42 ans, sans enfant33. Cette succession, et notamment l’hôtel particulier au parc de Montretout à Saint-Cloud, donne lieu à un début de procès, abandonné après négociation avec le « cousin [Philippe] Lambert »34. Pour l’historienne Valérie Igounet, « l’héritage Lambert change considérablement la vie de Jean-Marie Le Pen sur les plans politique et personnel. Il lui permet de faire — comme il l’entend — de la politique35 ». Il cesse de vivre à Montretout en 1991, après son remariage avec Jany Paschos, pour s’installer à Rueil-Malmaison dans une villa de style Directoire appartenant à sa femme, mais conserve ses bureaux à Saint-Cloud et continue de s’y rendre tous les jours en entretenant la confusion entre cette maison et le quartier général du FN36,37. Carrière militaireJean-Marie Le PenOrigineFrançaisAllégeanceDrapeau de la France FranceArmeLégion étrangère1er régiment étranger de parachutistesAnnées de service1953 – 1957ConflitsGuerre d’IndochineCrise de SuezGuerre d’AlgérieDistinctionsCroix de la Valeur militaire (avec citation)Croix du combattantMédaille coloniale (avec agrafe Extrême-Orient)Médaille commémorative de la campagne d’IndochineMédaille commémorative des opérations de sécurité et de maintien de l’ordre (avec agrafe Algérie)Médaille commémorative française des opérations du Moyen-OrientFamilleFamille Le Penmodifier Consultez la documentation du modèleÀ la fin de ses études universitaires, Jean-Marie Le Pen hésite entre une carrière d’avocat et une carrière militaire38. Après six mois passés à l’École d’application de l’infanterie de Saint-Maixent, il participe à la guerre d’Indochine. Il arrive en Indochine en 1954, où il sert comme sous-lieutenant dans le 1er bataillon étranger de parachutistes, sous les ordres de Hélie de Saint Marc, son commandant de compagnie. Il y est, en fin de séjour, en 1955, journaliste à Caravelle, l’organe du corps expéditionnaire français. Lors de la guerre d’Indochine, il fait la connaissance d’Alain Delon, avec qui il se lie d’amitié39. En octobre 1956, il quitte pour six mois les bancs de l’Assemblée nationale pour s’engager dans son ancienne unité, devenue le 1er régiment étranger de parachutistes, avec lequel il participe comme chef de section au débarquement de vive force à Port-Fouad (Égypte) puis à la bataille d’Alger. Il est remarqué par le général Massu pour avoir enterré des soldats de confession musulmane selon le rite de leur religion au lieu de les jeter à la mer40. En 1970, le leader du FLN Krim Belkacem lui aurait confié que cette attention lui a évité d’être tué par la rébellion algérienne40. Il est décoré par Massu de la croix de la Valeur militaire41. Le 9 novembre 1962, le journal Combat rapporte les propos suivants, attribués à Jean-Marie Le Pen : « Je n’ai rien à cacher. Nous avons torturé parce qu’il fallait le faire. Quand on vous amène quelqu’un qui vient de poser vingt bombes qui peuvent exploser d’un moment à l’autre et qu’il ne veut pas parler, il faut employer des moyens exceptionnels pour l’y contraindre. C’est celui qui s’y refuse qui est le criminel car il a sur les mains le sang de dizaines de victimes dont la mort aurait pu être évitée42. » Dans le numéro du lendemain, Jean-Marie Le Pen explique : « Je désirerais éclaircir un certain nombre de points de l’interview parue dans votre journal du vendredi 9 novembre 1962, points qui pourraient prêter à équivoque. […] Les méthodes de contrainte utilisées pour démanteler les réseaux terroristes FLN, qui s’attaquaient exclusivement à la population civile dans le but d’y faire régner la terreur, n’ont, dans les unités que j’ai personnellement connues, jamais pu être assimilées à des tortures43. » Jean-Marie Le Pen estime que c’est l’image de la fonction qu’il occupait à l’époque qui véhicule ce genre d’accusations : « J’étais à Alger officier de renseignement […] ; comme tel je dois être aux yeux d’un certain nombre de mes collègues ce qui pourrait être le mélange d’un officier SS et d’un agent de la Gestapo44 ». Il est de nouveau accusé, dans les années 1980, d’avoir pratiqué la torture durant la guerre d’Algérie. Lors de son passage à L’Heure de vérité en 1984, accusé par Jean-Louis Servan-Schreiber d’avoir manié la « gégène et branché des électrodes », il parle de « nécessaires obligations imposées par la hiérarchie militaire et politique du temps » et déclare être « scandalisé par de telles méthodes »45. Jean-Marie Le Pen nie ces accusations de torturec et porte plusieurs fois l’affaire en justice. Lors du procès contre Le Monde, la défense appelle à témoigner le fils du responsable FLN Ahmed Moulay, qui évoquait dans le journal, à la veille du second tour de l’élection présidentielle de 2002, la possibilité que son père ait été torturé par Jean-Marie Le Pen. Lors de l’audience, un poignard des Jeunesses hitlériennes dont le fourreau porte l’inscription « J. M. Le Pen 1er REP » est présenté comme ayant été oublié par Le Pen lors d’une séance de torture46,47 ; le général Louis Martin estime que ce poignard « n’est pas une arme militaire en service dans l’armée française » et déclare trouver cette accusation « risible »48,49. Alors que l’historien Hamid Bousselham relaie ces accusations de torture50,51, les journalistes d’investigation Pierre Péan et Philippe Cohen écrivent, dans Le Pen, une histoire française (2012), que « s’il a sans doute brutalisé des Algériens », Le Pen n’a « pas pratiqué la torture institutionnelle »52. Parcours politique Jean-Marie Le Pen en 2005, dans sa résidence de Montretout.Débuts en tant que députéÀ son retour d’Indochine, en 1955, Jean-Marie Le Pen devient président des Jeunes indépendants de Paris (à la suite de Jean Bourdier), et délégué général de l’Union de défense de la jeunesse française53. Il pense d’abord se présenter en indépendant aux élections législatives du 2 janvier 195654. Présenté à Pierre Poujade par le président des Anciens d’Indochine, Roger Delpey, et le commissaire Jean Dides, il devient délégué national de l’Union de défense des commerçants et artisans (UDCA) et animateur de sa branche de jeunesse, l’Union de défense de la jeunesse française. Il est placé à la tête de la liste d’Union et fraternité française (UFF) aux législatives dans la première circonscription de la Seine (secteur de Paris). Dans cette circonscription, qui compte des candidats aussi aguerris que Roger Garaudy, Vincent de Moro-Giafferri, Pierre Clostermann ou Édouard Frédéric-Dupont, Jean-Marie Le Pen, qui se présente encore comme étudiant, fait figure d’inconnu ; le deuxième de la liste, Roger Sauvage, est un ancien de l’escadrille Normandie-Niemen. Alors encore appelé Jean Le Pen, il adopte le prénom Jean-Marie au cours de la campagne54. La vague poujadiste lui permet d’obtenir 35 748 voix, soit 8,1 % des suffrages exprimés55,56. Grâce au système de la proportionnelle, Jean-Marie Le Pen est élu à l’Assemblée nationale, à l’âge de 27 ans57. Il est souvent présenté comme ayant été le plus jeune député de la législature58, mais un jeune communiste, André Chène, de quelques mois son cadet, est élu cette année-là59,60. En octobre 1956, l’Assemblée nationale accorde à Jean-Marie Le Pen l’autorisation de servir six mois en Algérie. Il rejoint le Mouvement national d’action civique et sociale (MNACS) de Louis Alloin61,62. De retour en France métropolitaine en janvier 1957, il est exclu, en mai, de l’UDCA, le mouvement poujadiste, et démissionne le mois suivant du groupe UFF, siégeant parmi les non-inscrits jusqu’à la fin de la législature. Cette même année, il contribue à la fondation du Front national des combattants (FNC), dont il devient un des deux vice-présidents62. À ce titre, il soutient la candidature d’un Français de confession musulmane, Ahmed Djebbour, qui est élu député d’Alger en 1958. Le Front national des combattants devient en 1959 le Front national combattant, qui sera dissous en 196162. En 1960, il participe avec Jean-Robert Thomazo à la fondation du Front national pour l’Algérie française (FNAF), dont il prend la vice-présidence ; celui-ci est dissous la même année62. Revenu d’Algérie, il tente de faire examiner, en vain, un petit nombre de textes relatifs au conflit : un amendement sur la déchéance de nationalité des terroristes ou une autre invitant le gouvernement à faire du 14 juillet 1957 la « Journée nationale de l’Algérie française »54. Le 11 février 1958, à l’Assemblée nationale, il interpelle l’ancien président du Conseil des ministres Pierre Mendès France, coupable à ses yeux d’avoir bradé l’Indochine, et lui dit : « Monsieur Mendès France, vous cristallisez sur votre personnage un certain nombre de répulsions patriotiques, presque physiques ». Alors que cette déclaration passe inaperçue à l’époque, elle est rappelée dans les médias quelques décennies plus tard, et interprétée comme antisémite. Jean-Marie Le Pen s’en défend, affirmant : « C’est physique, je le trouve très laid. Le fait qu’il soit juif n’entre pas en ligne de compte »63,64,65. En novembre 1958, sous l’étiquette « Indépendants de Paris », qui est la fédération parisienne autonome du Centre national des indépendants et paysans (CNIP), Jean-Marie Le Pen est réélu député dans la troisième circonscription de la Seine (son ancienne circonscription ayant été découpée en dix nouvelles circonscriptions)62. Alors que le scrutin uninominal majoritaire à deux tours est restauré, il réunit sur son nom 45,2 % des suffrages exprimés, face notamment à un candidat de l’UNR et un candidat du PCF66. Il est entre 1959 et 1961 membre du Sénat de la Communauté, organe législatif institutionnalisant l’association politique entre la France et les États de son empire colonial, alors en voie de décolonisation67. À l’Assemblée nationale, Jean-Marie Le Pen s’apparente au groupe parlementaire du CNIP, les Indépendants et paysans d’action sociale (IPAS), dont il représente l’aile droite avec Alain de Lacoste-Lareymondie68. Il est rapporteur du budget de la guerre à l’Assemblée nationale et de la défense au Sénat de la Communauté. Il ne prend pas part au vote des pleins pouvoirs à Charles de Gaulle69, ni aux votes d’investiture de ce dernier et du gouvernement de Michel Debré, à qui il propose une « période de fiançailles » de quelques mois54. Jean-Marie Pottier relève que « le choix par le gouvernement de l’autodétermination en Algérie le fait vite basculer et le sujet fournit dès lors, en dehors de quelques sorties sur les droits et la santé des étudiants (ses électeurs !), l’essentiel de ses interventions, au Parlement mais aussi en dehors » : il est ainsi arrêté à son domicile en janvier 1960, à l’occasion d’une insurrection des partisans de l’Algérie française à Alger ; il monte à la tribune de l’Assemblée pour défendre son collègue député Pierre Lagaillarde, l’instigateur de la « semaine des barricades », emprisonné à la prison de la Santé ; et il est entendu en novembre 1961 par la police après être intervenu lors d’un meeting à la Maison de la Mutualité où ont été ovationnés l’OAS et Raoul Salan54. Au début des années 1960, il rend visite, à Madrid, à Abel Bonnard, Louis Darquier de Pellepoix, Léon Degrelle et Otto Skorzeny70,71. Candidat à sa réélection dans la troisième circonscription de la Seine aux élections législatives de 1962, à nouveau soutenu par le CNIP, il est défait dans le cadre d’une triangulaire remportée par le gaulliste de gauche René Capitant66. Fédération de l’extrême droiteDès 1963, il est directeur de campagne de Jean-Louis Tixier-Vignancour en vue de l’élection présidentielle de 1965. Il fonde les Comités Tixier-Vignancour, dont il est le secrétaire général de 1964 à 196621. Dans des entretiens ultérieurs, Jean-Marie Le Pen déclarera que le plus grand regret de sa carrière politique est de ne pas s’être présenté lui-même à l’élection présidentielle de 1965 à la place de Tixier-Vignancour72. Membre du cercle du Panthéon, il crée en mars 1963, avec Pierre Durand et Léon Gaultier (un ancien Untersturmführer de la Waffen-SS avec qui il fondera le FN en 1972), une entreprise d’édition phonographique, la Société d’études et de relations publiques (Serp73), spécialisée dans l’édition de disques de musique militaire, d’histoire et de discours historiques74. Dans la collection « Hommes et faits du xxe siècle », il y publie des enregistrements de discours, parmi lesquels Lénine, Trotsky, Léon Blum, Charles de Gaulle (discours de 1940-1969), Papes de notre temps, Benito Mussolini et le fascisme, Philippe Pétain, Pierre Laval ou Adolf Hitler, discours d’un dictateur75. Il est en 1967 chef de publicité aux journaux Minute et Le Crapouillot21,76. Aux élections législatives de 1968, il se présente comme « candidat national indépendant d’union centriste » dans la troisième circonscription de Paris (nouvelle dénomination de la troisième circonscription de la Seine), où il est éliminé au premier tour77,78. Le député sortant, René Capitant, qu’il accuse par son inaction d’être le complice des émeutiers de Mai 68, l’emporte à nouveau79,80. En 1972, les responsables du mouvement Ordre nouveau font appel à lui pour prendre la tête du Front national, un parti destiné à l’origine à élargir leur audience. Le FN n’obtient, au départ, que des scores électoraux extrêmement faibles. Candidat aux élections législatives de 1973 dans la quinzième circonscription de Paris, il obtient 5,2 % des suffrages81. Alors que le FN recueille 1,3 % des suffrages exprimés en étant présent dans 98 circonscriptions, Jean-Marie Le Pen juge ce résultat encourageant, contrairement à la plupart des militants d’Ordre nouveau82. Peu après les élections législatives de 1973, Ordre nouveau est dissous à la suite de violences publiques. Jean-Marie Le Pen rompt ensuite avec les anciens chefs d’Ordre nouveau, dont beaucoup quittent alors le FN pour fonder un parti concurrent, le PFN. Lors de l’élection présidentielle de 1974, se définissant comme le candidat de la « droite sociale, populaire et nationale »83 et le seul candidat de droite84,85, Jean-Marie Le Pen recueille 191 000 voix, soit 0,75 %86. En vue du second tour, il appelle à voter en faveur de Valéry Giscard d’Estaing, avec qui il a siégé au sein du groupe IPAS à l’Assemblée nationale à la fin des années 195087,88. Plusieurs événements violents marquent les premières années du FN. Le 2 novembre 1976, un attentat à la bombe détruit son domicile parisien89. Les vingt kilos d’explosifs, l’une des plus grosses charges qu’ait connues Paris depuis la Seconde Guerre mondiale, détruisent toute une partie de l’immeuble de cinq étages90. Au scrutin législatif de 1978, il s’oppose à Édouard Frédéric-Dupont dans la cinquième circonscription de Paris, où il recueille au premier tour 3,9 % des suffrages91. Pendant l’entre-deux tours, François Duprat, cadre influent du FN, est tué dans l’explosion de sa voiture piégée92. Jean-Marie Le Pen n’obtient pas les 500 parrainages nécessaires pour se présenter à l’élection présidentielle de 1981. Valéry Giscard d’Estaing aurait alors cherché, sans succès, à obtenir son soutien93,94. Il appelle à voter blanc ou nul au second tour95,96. L’historienne Valérie Igounet indique qu’il a assumé seul le financement de la campagne des élections législatives de juin 1981, grâce à l’héritage légué par Hubert Lambert, en raison de l’absence de tout financement de l’État à cette époque35. Lors de ce scrutin, le FN présente ses candidats sous la bannière du « Rassemblement pour les libertés et la patrie », et Jean-Marie Le Pen réunit 4,4 % dans la 22e circonscription de Paris66. Suite de succès électorauxPremiers scores significatifs du Front nationalLors des élections cantonales de 1982, moins d’un an après l’arrivée au pouvoir de la gauche, le Front national présente des candidatures dans une soixantaine de cantons et connait ses premiers succès électoraux, avec des scores avoisinant les 10 % à plusieurs endroits (Grande-Synthe, Dreux-Ouest, Dreux-Est, Pont-de-Chéruy). L’année suivante, lors des élections municipales, Jean-Marie Le Pen propose au RPR et à l’UDF des listes d’union de la droite97. Ce scrutin voit une percée du Front national et l’élection de Jean-Marie Le Pen comme conseiller à Paris, sa liste obtenant 11,3 % dans le XXe arrondissement. Quelques mois plus tard, en septembre 1983, lors d’une élection municipale partielle à Dreux, la liste conduite par Jean-Pierre Stirbois obtient plus de 16 % des voix et fusionne avec la liste RPR-UDF, qui l’emporte au second tour. Dans le même temps, au printemps 1982, Jean-Marie Le Pen remet une lettre au président de la République, François Mitterrand, pour dénoncer le manque de visibilité du FN à la télévision, et en particulier l’absence de couverture télévisuelle du sixième congrès du FN. Le 22 juin 1982, François Mitterrand signe une réponse écrite à Jean-Marie Le Pen dans laquelle il juge « regrettable que le congrès d’un parti soit ignoré par Radio-Télévision », et annonce qu’il demande au ministre de la Communication, Georges Fillioud, « d’appeler l’attention des responsables des sociétés Radio-Télévision sur [c]e manquement ». Une semaine plus tard, Jean-Marie Le Pen intervient en direct au journal de 20 heures de TF198,99. Il obtient un accès croissant à l’espace médiatique, notamment avec son passage à L’Heure de vérité le 13 février 1984, sur demande de François Mitterrand100. Quelques jours après l’émission, le FN enregistre un millier d’adhésions quotidiennes alors qu’il n’en recueillait en moyenne que quinze jusqu’ici45. Par la suite, Jean-Marie Le Pen a su gré à François Mitterrand de lui accorder un traitement « équitable »87. À ce sujet, Franz-Olivier Giesbert évoque les propos du ministre socialiste Pierre Bérégovoy, qui, en juin 1984, considérait que la gauche avait tout intérêt « à pousser le FN » afin de rendre la droite parlementaire « inéligible »101. Candidat à l’élection législative partielle de décembre 1983 dans la deuxième circonscription du Morbihan, Jean-Marie Le Pen dépasse les 12 % et obtient même une majorité absolue des voix (51 %) à La Trinité-sur-Mer, sa commune de naissance102,103,104. Aux élections européennes de juin 1984, la liste FN qu’il conduit recueille 11,0 % des suffrages. Élu député européen, Jean-Marie Le Pen est constamment réélu à partir de cette date jusqu’aux élections européennes de 2014. À la suite de ces élections de 1984, Jean-Marie Le Pen constitue et préside un groupe d’extrême droite au Parlement européen, le groupe des droites européennes (GDE), qui rassemble les élus du Front national, du Mouvement social italien – Droite nationale et un élu du parti grec Union politique nationale. Lors des élections européennes de 1989, l’élu grec n’est pas réélu, tandis que le Mouvement social italien, qui effectue un virage vers le centre droit, refuse de continuer à siéger avec le Front national. Le GDE est alors dissous, mais une alliance entre le Front national, le parti flamand Vlaams Blok et le parti allemand Les Républicains permet la constitution du Groupe technique des droites européennes (GTDE). Jean-Marie Le Pen préside ce groupe jusqu’aux élections de 1994, qui voient la non-réélection des Républicains allemands. Dès lors, les élus FN font partie des non-inscrits ; entre 1999 et 2001, ils siègent au sein du Groupe technique des indépendants (GTI), qui rassemble des élus de différentes sensibilités politiques. La salle Jean Mermoz (île du Ramier, Toulouse), détruite par deux engins explosifs afin d’y empêcher la tenue d’un meeting de Jean-Marie Le Pen, en juin 1984.L’émergence du FN sur le devant de la scène politique française pousse la droite à se positionner par rapport à Jean-Marie Le Pen alors qu’un certain nombre des cadres du Front national vient des partis de droite ou bien a travaillé avec eux, à l’instar de Bruno Gollnisch, Gabriel Domenech, Jean-Marie Le Chevallier, Jean-Yves Le Gallou, Bruno Mégret ou encore Michel de Rostolan. En 1986, Jean-Marie Le Pen est élu conseiller régional d’Île-de-France ; lors de l’élection du président de la région Île-de-France, le groupe Front national présente aux deux premiers tours de scrutin la candidature de Soraya Djebbour, première femme musulmane élue au conseil régional d’Île-de-France105. Le FN fait élire des présidents de conseils régionaux RPR ou UDF dans les régions où ses voix sont nécessaires pour les faire gagner106. Étant député et député européen, Jean-Marie Le Pen démissionne du conseil régional, laissant son siège à Pierre Menuet[réf. nécessaire]. En 1992 et 1998, tête de liste régionale et dans le département des Alpes-Maritimes, il est élu au conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur107,108,109. Aux élections régionales de 1998, les listes FN arrivent en deuxième position, avec 26,6 % des voix et 37 conseillers régionaux, soit le même nombre d’élus que pour la droite108. Alors que des conseillers de droite — conduits par Christian Estrosi — cherchent à nouer une alliance avec le FN comme en 1986, des élus tels que François Léotard s’opposent à ce rapprochement, ce qui permet l’élection du socialiste Michel Vauzelle à la présidence du conseil régional110. Jean-Marie Le Pen perd son mandat de conseiller régional le 24 février 2000, après avoir été condamné à un an d’inéligibilité111. Député et candidat à l’élection présidentielle de 1988Articles connexes : Élections législatives françaises de 1986 et Élection présidentielle française de 1988.La mise en place d’un scrutin de liste proportionnel à un tour par le gouvernement socialiste permet au Front national d’obtenir 35 députés aux élections législatives de 1986. Jean-Marie Le Pen est ainsi député de Paris et préside le groupe Front national – Rassemblement national (FN-RN) à l’Assemblée nationale durant la VIIIe législature. Il revient ainsi au palais Bourbon un quart de siècle après en être parti, un cas rare dans la vie politique française54. Dans son premier discours à l’Assemblée nationale, il accuse Jacques Chirac d’avoir frappé le Front national « d’une espèce d’apartheid politique » en pensant qu’il pouvait « transmettre le SIDA »d,54. Jean Lecanuet salue « un discours bien fait » et Valéry Giscard d’Estaing un discours « chaleureux et vivant »54. Tout en décidant de ne pas accorder sa confiance au gouvernement de Jacques Chirac, il se situe dans une « majorité anti-marxiste », anti-socialiste, et se dit prêt à voter au cas par cas des textes de la majorité54. Jacques Chirac met en place la stratégie dite du « cordon sanitaire » en désignant personnellement les députés de la majorité chargés de côtoyer ceux du FN et leur demande de ne pas leur adresser la parole54. Selon l’historien Nicolas Lebourg, il espère « être appelé au gouvernement, rêvant du ministère de la Défense », et « répond au veto chiraquien par l’isolement de ses élus, pour ne pas qu’ils soient tentés de rejoindre des partis plus faciles à porter socialement et distribuant plus de capital social et financier »112. Travaillant à l’amélioration de son image en vue de l’élection présidentielle de 1988, alors que son parti est en ascension électorale, il multiplie les rencontres avec des personnalités étrangères, notamment aux États-Unis, au début de l’année 1987, où il serre la main de Ronald Reagan, dont il se veut le pendant français ; lors de son séjour, il est invité par le Congrès juif mondial, qui applaudit son discours pro-israélien113. Cette campagne est remise en cause par ses propos sur les chambres à gaz en septembre 1987113. Durant la campagne présidentielle de 1988, il met en avant le thème de la sécurité, qu’il considère comme la première liberté du citoyen114. Il se targue de « dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas » et distingue la « société pluriculturelle, multiraciale, internationaliste », représentée par François Mitterrand et à laquelle ne s’opposent pas les candidats de droite, et la « société du patriotisme national et européen », qu’il estime incarner114,115. Le 24 avril 1988, il obtient 4,4 millions de voix, soit 14,4 %, un score bien supérieur à ce que lui accordaient les sondages116,117. Les études d’opinion indiquent alors qu’il a réalisé ses meilleurs scores chez les commerçants/artisans, et chez les classes moyennes et supérieures118. Jean-Marie Le Pen, qui pensait pouvoir figurer devant ses adversaires de droite Jacques Chirac et Raymond Barre, considère cependant ce score comme un échec119. Ce score inattendu de l’extrême droite met dans une situation délicate Jacques Chirac, qui a besoin des voix de Jean-Marie Le Pen pour l’emporter face à François Mitterrand. Or, les relations qu’il entretient avec celui-ci sont tendues114. Il avait en particulier déclaré qu’« il était déshonorant de [lui] serrer la main », bien qu’une photo prise en 1987 sur une plage de Cap d’Antibes les montre tous deux en maillot de bain se saluant87. Entre les deux tours de l’élection, le président du FN estime que les électeurs de la droite classique se réfèrent aux mêmes valeurs que ceux du Front national, ce qui laisse augurer un rapprochement entre les deux hommes117. Jacques Chirac rencontre secrètement Jean-Marie Le Pen par l’entremise du général Pierre de Bénouville et en présence de Charles Pasqua et d’Édouard Balladur120 ; mais à cette occasion, Jacques Chirac aurait déclaré qu’il ne ferait aucune concession sur son programme. Jean-Marie Le Pen ne donne pas de consigne de vote en vue du second tour87. Charles Pasqua regrette cette absence d’accord et considère qu’elle a acté l’échec de la droite au scrutin117. À l’issue du vote, une étude Sofres indique que 65 % des électeurs de Jean-Marie Le Pen ont voté pour Jacques Chirac au second tour, contre 19 % pour le président sortant118. Dès lors, le journaliste Serge Moati affirme que les différences entre droite et gauche s’estompent pour laisser place à un « front anti-FN »117. Jean-Marie Le Pen condamne vivement la décision de Jacques Chirac de revenir au scrutin majoritaire pour les élections législatives de juin 1988, l’accusant de « violer l’Assemblée nationale » : ce choix annonce la disparition du groupe FN à l’Assemblée121. Lors de ces élections, Jean-Marie Le Pen est battu par Marius Masse (Parti socialiste) dans la huitième circonscription des Bouches-du-Rhône, obtenant 43,6 % des suffrages au second tour66. Cette même année, Jean-Marie Le Pen crée l’association de financement Cotelec122, qui se donne pour mission de « promouvoir l’image et l’action de Jean-Marie Le Pen » et qui accorde régulièrement des prêts au FN ou à ses candidats et lui reverse une partie de ses revenus. Le mode de financement de cette association sera critiqué en 2013 et 2014, notamment à la suite du rejet de ses comptes par la Commission nationale des comptes de campagne et de la réception, via un compte ouvert à la banque suisse Julius Bär, d’un prêt de deux millions d’euros de la société chypriote Vernonsia Holdings Ltde,123,124,125. En 1990, il s’oppose à la guerre du Golfe contre l’Irak et déplore que la France soit « à la remorque de ceux qui se veulent aujourd’hui les gendarmes du monde »126. Il se présente pour la dernière fois à une élection législative en 1993, dans la troisième circonscription des Alpes-Maritimes ; il est battu au second tour, avec 42,1 % des voix, par Rudy Salles (UDF)103,127. Candidature à l’élection présidentielle de 1995Article connexe : Élection présidentielle française de 1995. Candidats arrivés en tête du premier tour de l’élection présidentielle de 1995 (par département).Candidat à l’élection présidentielle de 1995, il obtient 4,57 millions de voix, soit 15,0 %, arrivant en quatrième position au premier tour, derrière Lionel Jospin, Jacques Chirac et Édouard Balladur. Il améliore ainsi sensiblement son score de la présidentielle de 1988, lors de laquelle il avait opté pour une campagne plus libérale sur le plan économique128. C’est dans l’Est de la France, en particulier dans le Sud-Est, qu’il rencontre le plus de succès. Cette situation est généralement expliquée par la sensibilité de l’électorat de ces territoires aux thèmes de l’immigration et de l’insécurité129. Son discours « anti-élites » est également considéré comme un facteur de succès129. Jean-Marie Le Pen refuse de choisir entre Jacques Chirac et Lionel Jospin, les qualifiant tous deux d’« hommes de gauche » et déclarant : « Pour nous, disons-le clairement, Chirac, c’est Jospin en pire. »130,131. Les élections municipales de juin 1995 sont un succès pour le Front national, qui obtient des mairies pour la première fois : Jean-Marie Le Chevallier est élu à Toulon, Jacques Bompard à Orange et Daniel Simonpieri à Marignane. Aux législatives de 1997, le FN obtient 14,9 % des voix au premier tour et parvient à se maintenir dans de nombreuses circonscriptions au second tour ; Jean-Marie Le Chevallier est élu député dans le Var. Scission du Front national de 1998-1999Article connexe : Scission de 1998 au sein du Front national.Bruno Mégret, ancien membre du RPR, adhère au Front national en 1987, et devient délégué général du parti l’année suivante. Rapidement, il démontre ses talents d’organisateur et acquiert une forte popularité au sein du Front national132. Au cours des années 1990, des divergences apparaissent avec Jean-Marie Le Pen. Le délégué général du FN apparaît comme plus ferme sur les questions d’immigration, notamment au vu des 50 mesures « concrètes » qu’il propose pour lutter contre celle-ci en 199197. Il met en œuvre une stratégie de dédiabolisation du Front national devant permettre son accession au pouvoir ; dans cette optique, il se montre ouvert à de potentielles alliances avec la droite parlementaire. Son discours met également l’accent sur les questions économiques, où il apparaît comme plus libéral que le président du parti. Enfin, ses positions sont jugées plus atlantistes que celles de Jean-Marie Le Pen en matière de politique étrangère. Dans le même temps, Jean-Marie Le Pen perd le soutien de plusieurs cadres du parti, qui regrettent son manque d’implication dans les élections législatives et locales. Fin 1998, Bruno Mégret provoque une scission du Front national, qui perd nombre de ses cadres et des milliers d’adhérents. Le FN chute à 5,7 % aux élections européennes de 1999, n’obtenant que cinq sièges. Après sa condamnation par la cour d’appel de Versailles, en novembre 1998, à un an d’inéligibilité à titre de peine complémentaire133 et le rejet de ses recours devant le Conseil d’État et les juridictions communautaires134,135,136,137,138, Jean-Marie Le Pen perd son mandat européen le 10 avril 2003. La suivante de la liste FN, Marie-France Stirbois, le remplace139, et il retrouve son mandat à l’occasion des élections européennes de l’année suivante. Idéologie et « lepénisation des esprits » Jean-Marie Le Pen en 2007.Jean-Marie Le Pen professe des idées nationalistes, que ses adversaires jugent extrémistes voire xénophobes. Il prône une politique de lutte contre l’immigration, pour la préférence nationale, et la relance de la démographie par la natalité140. La médiatisation de son discours sur les questions d’immigration et d’insécurité favorise l’émergence de ces thèmes dans le débat public à partir du début des années 1980. Le néologisme politique « lepénisation des esprits » désigne l’acceptation progressive par les Français de tout ou partie des thèmes développés par Jean-Marie Le Pen. Le premier homme politique à employer ce terme est Robert Badinter, le 4 février 1997, lors des débats parlementaires sur la loi Debré relative à l’immigrationf,141. Lors de la campagne présidentielle de 1974, Jean-Marie Le Pen se définit comme le candidat d’une « droite qui ose dire son nom »12. Sur le plan économique, tout en dénonçant les excès du capitalisme, il concentre son discours sur les fonctions régaliennes de l’État (ordre, défense, justice), et se montre hostile aux prélèvements obligatoires et aux interventions économiques de l’État. Il est favorable à des privatisations et à une réduction du nombre de fonctionnaires12, critique l’action des « syndicats marxistes » et se prononce pour un strict encadrement du droit de grève12. Ses priorités sont les mêmes lors de la campagne présidentielle de 1988, lors de laquelle il dénonce un « État bureaucratique, fiscaliste et socialiste »115. À partir des années 1990, il s’éloigne de la vision libérale (« reaganienne ») qu’il défendait jusque-là. Il émet des réserves de plus en plus fortes sur le libre-échange et la mondialisation, dénoncée sous le terme de « mondialisme ». Cette dernière thématique est de plus en plus évoquée dans ses discours, tandis que décline quelque peu celle de l’immigration142. Alors qu’il est traditionnellement classé à l’extrême droite ou à droite de l’échiquier politique, le terme de « gaucho-lepénisme » fait son apparition à l’occasion de l’élection présidentielle de 1995, lors de laquelle Jean-Marie Le Pen arrive en tête des votes chez les ouvriers et bénéficie du soutien d’anciens électeurs de gauche143. Il met principalement en avant le thème de l’insécurité. Selon lui, l’« absence de sécurité grandissante des personnes et des biens » est liée au phénomène « d’immigration massive » que connaît la France depuis les années 1960-1970. Certains de ses partisans affirment qu’une partie de la communauté juive de France s’est rapprochée de ses idées, ressentant une pression de l’antisémitisme en France dont la responsabilité serait à imputer à l’immigration musulmane, que Jean-Marie Le Pen dénonce144. Au niveau institutionnel, il s’inquiète d’institutions équivoques, à mi-chemin entre régime présidentiel et régime parlementaire, et propose ainsi une révision de la Constitution visant à renforcer les pouvoirs de l’Assemblée nationale et à instaurer une véritable cour suprême12. Hostile à la loi Faure sur l’enseignement supérieur, Jean-Marie Le Pen plaide pour une « dépolitisation » de l’enseignement. Il se montre résolument hostile au fédéralisme européen et se pose en défenseur de la « souveraineté française ». À ce titre, il appelle à voter « non » au référendum de 1992 sur le traité de Maastricht et au référendum de 2005 sur le traité établissant une constitution pour l’Europe. En matière de politique étrangère, son anti-socialisme le conduit à se prononcer, en 1974, pour des « alliances européennes et atlantiques » face à l’« impérialisme soviétique »12. Il se pose longtemps en défenseur d’Israël face au nationalisme arabe, au point d’être un temps considéré comme l’homme politique français le plus favorable à cet État145,146. Mais à partir de 1990, il adopte une position moins atlantiste et prend ses distances avec Israël. Cette évolution lui attire la sympathie de personnalités plus à gauche, comme Alain Soral, mais l’oppose notamment à Bruno Mégret à de nombreux adhérents du Front national, en particulier des pieds-noirs, qui quittent le parti147. En novembre 1990, en pleine guerre du Golfe, Jean-Marie Le Pen se rend à Bagdad pour négocier directement avec Saddam Hussein la libération de 55 otages, qu’il ramène en France148 ; en 1996, il effectue une nouvelle visite en Irak pour soutenir le régime de Saddam Hussein, menacé par le blocus occidental149. Élection présidentielle de 2002Article connexe : Élection présidentielle française de 2002. Jean-Marie Le Pen en 2001.À l’approche du scrutin présidentiel de 2002, l’extrême droite apparaît très affaiblie et divisée en raison de la scission de 1999150. Les sondages accordent longtemps à Jean-Marie Le Pen moins de 10 % des suffrages, tandis que le président sortant, Jacques Chirac, et le Premier ministre socialiste, Lionel Jospin, sont donnés favoris151. Pendant la campagne, il appelle à la constitutionnalisation de la préférence nationale, à l’expulsion immédiate des immigrés en situation irrégulière, à la fin du regroupement familial et à la suppression de l’acquisition automatique de la nationalité française152. Il souhaite également une hausse significative des moyens mis à la disposition des forces de l’ordre et l’application du principe de « tolérance zéro »153. Au niveau économique, il dénonce « trente ans de fiscalo-étatisme » et se prononce pour l’allongement de l’âge légal de départ à la retraite de 60 à 65 ans152. S’il mène une campagne au ton apaisé, s’affirmant par exemple « candidat du centre droit » afin de se distinguer de la candidature de Bruno Mégret, il profite, selon Nicolas Lebourg, d’« un climat anxiogène, où la thématique de l’insécurité devient la grille de lecture du pays et où chacun fait ainsi, mezza voce, la campagne du candidat frontiste »154. Candidats arrivés en tête du premier tour de l’élection présidentielle de 2002 (par département).Le 21 avril 2002, lors du premier tour de l’élection présidentielle, Jean-Marie Le Pen obtient 4,8 millions de voix et 16,9 % des suffrages, se classant en deuxième position sur 16 candidats, derrière Jacques Chirac (19,9 %) et devant Lionel Jospin (16,2 %). Malgré un contexte de forte abstention (28,4 %), il améliore son résultat de plus de 200 000 voix par rapport à la présidentielle de 1995155. Il réalise ses meilleurs scores dans l’est de la France, avec un pic de 26 % dans les Alpes-Maritimes et de 27 % à Marseille156. Les enquêtes d’opinion indiquent l’importance qu’apporte son électorat aux questions d’immigration, de délinquance et de chômage150. Cette élection constitue un événement important dans la vie politique française dans la mesure où c’est la première fois qu’un candidat classé à l’extrême droite se qualifie pour le second tour d’une élection présidentielle. Le traditionnel débat d’entre-deux-tours n’a pas lieu, Jacques Chirac refusant de débattre avec lui en direct sur les chaînes de télévision157. Les médias soulignent alors la stratégie du président sortant visant à ne pas effrayer les électeurs de gauche, qui s’apprêtent à voter massivement pour lui, et à éviter toute confrontation directe avec Jean-Marie Le Pen, jugé excellent orateur et plus sympathique que lui158,g. Parmi les 14 candidats éliminés, 11 appellent à voter en faveur de Jacques Chirac et seul Bruno Mégret (2,3 %) se prononce pour le candidat du Front national en vue du second tour159. Plusieurs manifestations sont organisées par des opposants à l’extrême droite, notamment le 1er mai, où 500 000 personnes manifestent à Paris alors que Jean-Marie Le Pen tient son traditionnel défilé en hommage à Jeanne d’Arc160. Le 5 mai 2002, Jean-Marie Le Pen recueille 17,8 % des voix, contre 82,2 % à Jacques Chirac. Il améliore son score de 720 000 voix par rapport au premier tour161. Aux élections législatives de juin suivant, le Front national obtient 11,1 % des voix, soit quatre points de moins qu’en 1997. Dernières campagnes électoralesSa candidature aux élections régionales de 2004 en Provence-Alpes-Côte d’Azur est rejetée par le préfet de région pour cause d’absence de domiciliation ou d’attache fiscale dans la région162,163. Il retrouve son mandat de conseiller régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur après les élections régionales de 2010, lors desquelles il réalise le meilleur score pour un candidat FN au second tour (22,9 % des voix au niveau régional et 23,8 % dans les Alpes-Maritimes, où il était tête de liste)164,165. Le 26 mars 2010, en tant que doyen d’âge, il préside la séance inaugurale, qui voit la réélection du socialiste Michel Vauzelle à la tête de la région166. Jean-Marie Le Pen préside ensuite le groupe FN au conseil régional de PACA ; avec 21 élus, celui-ci est le plus important groupe FN d’une région française167. La liste qu’il conduit aux élections européennes de juin 2004 dans la circonscription Sud-Est obtient 12,2 % des voix, ce qui lui permet de faire son retour au Parlement européen168. Il est réélu cinq ans plus tard, en juin 2009, sa liste ayant recueilli 8,5 % des suffrages169 ; alors qu’il était pressenti pour être le doyen d’âge du Parlement européen, ce qui lui aurait permis de présider la session inauguraleh, les députés européens adoptent en mai 2009 une modification du règlement interne du Parlement européen afin d’écarter cette possibilité170,171. Le 25 mai 2014, la liste FN qu’il mène arrive en tête du scrutin dans le Sud-Est avec 28,2 %172. Lors de la 8e législature, il fait partie des élus français les moins présents au Parlement européen173,174,175. Jean-Marie Le Pen en 2006.En vue de l’élection présidentielle et des élections législatives de 2007, Jean-Marie Le Pen lance un appel à différents partis et courants politiques pour constituer une « union patriotique », dont il serait la tête ; Bruno Mégret, qui préside le Mouvement national républicain (MNR), ainsi que le Parti populiste (PP), répondent favorablement à cet appel, contrairement à Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France (MPF)176,177. Durant cette campagne, Jean-Marie Le Pen évoque fréquemment les difficultés qu’il éprouverait pour obtenir les 500 parrainages d’élus nécessaires à la validation de sa candidature et dénonce en particulier la publication des listes de parrains. Âgé de 78 ans au moment du scrutin, il est le doyen d’âge des candidats français à une élection présidentielle au scrutin direct. Pendant la campagne, il est fortement concurrencé sur le thème de l’immigration par le candidat de l’UMP, Nicolas Sarkozy ; Jean-Marie Le Pen appelle alors à privilégier « l’original à la copie »178. Le 22 avril 2007, le président du FN arrive en quatrième position du premier tour avec 3,83 millions de suffrages, soit 10,4 %, ce qui constitue un net recul par rapport au scrutin de 2002 et son plus faible score depuis l’élection de 1974179. Le 1er mai, il invite ses électeurs à « s’abstenir massivement » au second tour, qualifiant le choix entre les deux candidats de choix entre « bonnet rose et rose bonnet »180,181. Selon TNS Sofres, 27 % des électeurs de Jean-Marie Le Pen auraient suivi sa consigne d’abstention ou auraient voté blanc ou nul, 61 % s’étant prononcés en faveur de Nicolas Sarkozy182,183. Plusieurs observateurs jugent que ce dernier a mené campagne en vue d’attirer à lui les électeurs frontistes, stratégie qui se serait révélée gagnante au vu de son score et du faible résultat de Jean-Marie Le Pen. Par la suite, Jean-Marie Le Pen alterne critiques et compliments envers le nouveau président de la République, disant de sa campagne « qu’elle pourra être étudiée à Sciences Po »184 et que « la France a voté contre une nouvelle catastrophe socialiste », tout en considérant qu’elle « a le président qu’elle mérite »185. À l’occasion du congrès qui se tient à Bordeaux en novembre 2007, Jean-Marie Le Pen est réélu pour trois ans président du FN, pour la première fois par le vote des militants après la modification des statuts intervenus à l’été. Il obtient 97,6 % des voix, mais Valérie Igounet souligne qu’il s’agit d’« une unanimité de façade puisque 14 secrétaires départementaux sur 96 refusent de parrainer sa candidature »186. Le 9 avril 2010, Jean-Marie Le Pen annonce qu’il ne se représentera pas à la présidence du FN à l’issue du prochain congrès du parti, et qu’il ne sera pas candidat à l’élection présidentielle de 2012187. Il apporte son soutien à sa fille, Marine Le Pen, qui est élue présidente du parti en janvier 2011, face à Bruno Gollnisch. Devenu président d’honneur du Front national, Jean-Marie Le Pen anime des réunions publiques dans des fédérations frontistes. Il est également présent à plusieurs grands meetings de la campagne présidentielle de 2012 de Marine Le Pen. Mise à l’écart du Front national Jean-Marie Le Pen entre Marine Le Pen et Bruno Gollnisch au Parlement européen, en 2013.Au cours de la campagne présidentielle de 2012, Jean-Marie Le Pen fait connaître son désaccord avec sa fille Marine sur la proposition de celle-ci de restaurer l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans avec 40 annuités de cotisation, lui-même ayant prôné lors des scrutins précédents l’allongement de cet âge à 65 ans188. Le 2 avril 2015, après avoir mis plusieurs fois en doute la stratégie de « dédiabolisation » du FN, Jean-Marie Le Pen revient sur ses propos polémiques de 1987 en réaffirmant que les chambres à gaz sont un « détail de l’histoire »189. Le 9 avril, il se refuse à considérer le maréchal Pétain comme un traître190. Marine Le Pen annonce alors sa décision d’engager une procédure disciplinaire contre son père et l’invite à se retirer de la vie politique191,192. Il renonce alors à se présenter aux élections régionales en Provence-Alpes-Côte d’Azur193. Le 4 mai 2015, le bureau exécutif du Front national le suspend de sa qualité d’adhérent du parti jusqu’à la tenue d’un vote par courrier des adhérents visant à entériner une réforme des statuts qui supprime la présidence d’honneur194,195. Jean-Marie Le Pen dénonce une « félonie » et affirme ne pas souhaiter la victoire de sa fille à l’élection présidentielle de 2017196, estimant qu’elle est sous l’influence de Florian Philippot, avec qui il est en désaccord sur plusieurs sujets197. Avec son fidèle Bruno Gollnisch, il ne fait pas partie du groupe Europe des nations et des libertés (ENL), que sa fille parvient à fonder au Parlement européen en juin 2015. Jean-Marie Le Pen est convoqué le 20 août 2015 devant le bureau exécutif, réuni en formation disciplinaire. À l’issue de son audition, il est exclu du parti « à la majorité requise », en l’absence de Marine Le Pen et de Florian Philippot198,199. Louis Aliot, Marie-Christine Arnautu, Bruno Gollnisch et Marion Maréchal font connaître leur opposition à cette exclusion200,201 alors que plusieurs élus quittent le FN ou en sont exclus, dénonçant un changement d’orientation du parti202,203. Selon un sondage Ifop, 53 % des sympathisants du FN approuvent l’exclusion de Jean-Marie Le Pen204. Attaquant en référé la décision du bureau exécutif du FN de mai 2015, il obtient gain de cause à trois reprises au cours du mois de juillet 2015i. Sur le fond, le 17 novembre 2016, le tribunal de grande instance de Nanterre valide son exclusion du Front national mais le maintient dans sa fonction de président d’honneur du parti, ce qui lui permet de conserver le droit d’être convoqué à toutes les instances du FN (bureau exécutif, bureau politique, commission d’investiture)209,210. Pour autant, Marine Le Pen s’oppose à sa participation aux instances du parti, lui refusant notamment l’accès au bureau politique211. Le 9 février 2018, la cour d’appel de Versailles se prononce dans le même sens que le jugement de première instance212 tout en condamnant le Front national à lui verser 25 000 euros de dommages et intérêts213. Lors du XVIe congrès du FN, en mars 2018, les militants du parti adoptent les nouveaux statuts proposés par la direction qui suppriment notamment la fonction de président d’honneur que Jean-Marie Le Pen occupait depuis 2011214. Laurent de Boissieu estime cependant que « l’héritage de l’ancien chef reste prégnant, comme le prouvent les bons scores obtenus à l’élection du comité central par deux de ses proches, Bruno Gollnisch (5e) et Marie-Christine Arnautu (10e) »215. Dans ses Mémoires de 2019, il écrit à propos de Marine Le Pen : « Elle a certaines qualités pour faire de la politique : du cran, de l’allant, de la répartie. Mais elle n’a pas confiance en elle. Cela explique ses fautes. Son côté dictatorial. […] Elle ne supporte pas la contradiction. […] J’étais la seule opposition dans son nouveau FN : c’est pour cela qu’elle m’a viré ». Il reproche également à sa fille une « ouverture à gauche » du parti et sa « recherche éperdue de dédiabolisation au moment où le diable devient populaire ». Il qualifie en revanche sa nièce Marion Maréchal de « femme exceptionnellement brillante »216. Comités Jeanne et Mémoires Jean-Marie Le Pen à une séance de dédicaces de ses Mémoires (octobre 2019).Après avoir envisagé la création d’un « Rassemblement Bleu-blanc-rouge » afin d’« agir dans le même sens que le Front national »217, il annonce en mars 2016 le lancement des Comités Jeanne pour peser sur la ligne politique du FN218. Il appelle à voter pour celui-ci lors des élections régionales de 2015219 et indique que son association Cotelec a prêté six millions d’euros au parti pour la campagne présidentielle de 2017220, lors de laquelle il annonce son vote pour Marine Le Pen221. Aux élections législatives qui suivent, les comités Jeanne présentent plusieurs candidats dans le cadre d’une alliance avec le Parti de la France, Civitas, la Ligue du Sud et le SIEL222. Jean-Marie Le Pen rejoint l’Alliance pour la paix et la liberté (APF) l’année suivantej,223. Le 1er mars 2018, il publie le premier volume de ses Mémoires, qui couvre la période allant de sa naissance à la fondation du Front national31. L’ouvrage est publié aux éditions Muller, dirigées par Guillaume de Thieulloy224. Le manuscrit est d’abord passé entre les mains d’éditeurs de renom comme Robert Laffont et Albin Michel, qui ont renoncé à la publication en raison de menaces d’auteurs de changer d’éditeur225,226. Imprimé à 50 000 exemplaires, l’ouvrage est épuisé avant même sa parution227. Réédité à 100 000 exemplaires, il est l’essai le plus vendu en librairie et sur Amazon en février et mars 2018228,229. Le second volume de ses Mémoires, Tribun du peuple, sort en octobre 2019230. Après avoir déclaré qu’il ne souhaitait pas se présenter aux élections européennes de 2019 et appelé à l’émergence d’une nouvelle génération de candidats231, il laisse entendre à l’été 2018 qu’il n’exclut pas d’être candidat une dernière fois232,233. En octobre 2018, il indique qu’il accepterait de figurer sur la liste du Rassemblement national, mais Marine Le Pen lui oppose une fin de non-recevoir234,235. Il quitte le Parlement européen en juillet 2019, après y avoir siégé pendant 34 ans, de 1984 à 2019 (hormis un interlude entre 2003 et 2004 en raison de sa peine d’inéligibilité)236. En août 2020, Jean-Marie Le Pen crée un institut à son nom afin de mettre à disposition du grand public les archives retraçant son parcours politique. Son secrétaire général, Lorrain de Saint Affrique, le décrit comme le pendant de l’INA pour la « droite nationale »237. Stratégie médiatique de provocationDurant son parcours politique, Jean-Marie Le Pen tient de façon récurrente des propos polémiques, jugés en diverses occasions racistes et antisémites238,239,240,241,242,243. Ses déclarations, très médiatisées, lui valent de nombreux procès, à l’issue desquels il est tantôt relaxé tantôt condamné244. En 2015, Marine Le Pen estime que son père était « dans une stratégie avouée » de « provocation » parce qu’il pensait que « la polémique est positive pour le mouvement »245. De son côté, Jean-Marie Le Pen affirme au sujet de la stratégie mise en œuvre par sa fille à la tête du FN avoir : « toujours dit que la dédiabolisation était un leurre, puisque ce sont nos adversaires qui nous diabolisent »246. Affaire du « détail »Article détaillé : Affaire du « détail ».Le 13 septembre 1987, interrogé au Grand Jury RTL-Le Monde à propos de la contestation par des négationnistes de l’utilisation par les nazis de chambres à gaz, il déclare : « Je n’ai pas étudié spécialement la question, mais je crois que c’est un point de détail de l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale ». Ces propos, qui interviennent alors qu’il courtisait auparavant l’électorat juif, entraînent des départs de militants et cadres du FN, ainsi que la réprobation de la quasi-totalité de la classe politique247,248. L’argumentation ultérieure de Jean-Marie Le Pen repose sur le fait que ces chambres à gaz ne sont pas le seul lieu où des gens ont perdu la vie pendant la Seconde Guerre mondiale. Tout en exprimant ses regrets et après avoir pourtant accordé une minute de silence aux victimes juives du nazisme249, il réitère cette formule du « détail » à ce sujet en 1997, 2008 et 2009250,251,252,253. Ses déclarations font partie des griefs qui conduisent à son exclusion du FN en 2015254. Calembour « Durafour-crématoire »Le 2 septembre 1988, lors de l’université d’été du Front national au Cap d’Agde, il déclare : « Monsieur Durafour et Dumoulin, obscur ministre de l’ouverture dans laquelle il a d’ailleurs immédiatement disparu, a déclaré : « Nous devons nous allier aux élections municipales, y compris avec le Parti communiste, car le Parti communiste, lui, perd des voix tandis que l’extrême droite ne cesse d’en gagner… » M. Durafour-crématoire, merci de cet aveu »255. Le jeu de mots fait scandale. Les principaux arguments de défense seront qu’auparavant, Michel Durafour avait lancé un appel public à « exterminer le Front national »256 et qu’un jeu de mots similaire (« Le colonel… Dufour crématoire ») était paru précédemment dans Le Canard enchaîné du 27 juin 1962, sans déclencher de polémique257. Pour cette affaire, son immunité parlementaire de député européen est levée le 11 décembre 1989258. Occupation allemandeEn janvier 2005, il déclare, dans l’hebdomadaire Rivarol, que « l’occupation allemande n’avait pas été particulièrement inhumaine, même s’il y eut des bavures, inévitables dans un pays de 550 000 km2 », ce qui provoque l’ouverture d’une information judiciaire à la suite d’une plainte déposée par l’association Fils et filles de déportés juifs de France (FFDJF), représentée par Arno Klarsfeld. Déclaration sur les « sidaïques »Évoquant les malades du sida au cours de l’émission d’Antenne 2 L’Heure de vérité, le 6 mai 1987, il déclare : « En revanche, je crois que le « sidaïque » — c’est un néologisme, il n’est pas très beau, mais je n’en connais pas d’autres — est contagieux par sa transpiration, ses larmes, sa salive, son contact. C’est une espèce de lépreux, si vous voulez »259,260. Démographie en Afrique et EbolaIl tient des propos controversés sur la question de la démographie en Afrique lors d’une réunion publique, le 20 mai 2014 : « Mgr Ebola peut régler ça en trois mois ». Dénonçant l’emballement médiatique qui entoure cette phrase, Jean-Marie Le Pen ne revient cependant pas sur ses propos261. Calembour sur la « fournée »En juin 2014, il fait un calembour à l’égard du chanteur Patrick Bruel et d’autres artistes en utilisant le terme de « fournée » dans une édition de son journal de bord audiovisuel. Marine Le Pen estime alors qu’il s’agit d’une « faute politique » et Louis Aliot, un des vice-présidents de ce parti, qualifie le choix de ce terme de « stupide politiquement et consternant »262. Le Front national décide alors de ne plus héberger son journal de bord sur son site internet263. Jean-Marie Le Pen ouvre son propre blog sur internet et y publie une lettre ouverte à Marine Le Pen, dans laquelle il la vouvoie et rend publiques leurs dissensions264,265. Affaires judiciairesCondamnations judiciairesPour apologie de crime de guerre et contestation de crimes contre l’humanitéLe 19 novembre 1969, la cour d’appel de Paris le condamne à deux mois de prison avec sursis et 10 000 francs d’amende pour apologie de crime de guerre. Le texte figurant au dos de la pochette d’un disque édité par sa société d’éditions, la Serp, indiquait : « La montée vers le pouvoir d’Adolf Hitler et du Parti national-socialiste fut caractérisée par un puissant mouvement de masse, somme toute populaire et démocratique, puisqu’il triomphera à la suite de consultations électorales régulières, circonstances généralement oubliées […] »266,267. Dans l’affaire du « détail », la cour d’appel de Versailles le condamne en référé, le 28 janvier 1988, à verser la somme d’un franc aux dix parties civiles, parmi lesquelles figurent les mouvements antiracistes du MRAP et de la Licra268,269. Sur le fond, le 18 mars 1991, il est condamné par cette même
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